Cela se propage comme un incendie dans notre pays. La pauvreté augmente. Le chômage augmente. L'emploi précaire, les exclusions et les inégalités sociales augmentent. Le nombre de personnes, notamment d'enfants, ou de vieillards, mal nourris, mal logés, mal soignés, augmente. En même temps que se réduisent pour beaucoup le pouvoir d'achat des salaires et des allocations, l'offre ou la présence de services publics, les capacités d'accès à l'éducation, à la culture, à la santé, à la sécurité, à l'information même...
Comme le vent attise les flammes, la crise financière n'a fait qu'aggraver les conséquences d'une gouvernance économique et sociale de la nation singulièrement contre-performante depuis plusieurs années. Notamment dans l'octroi et la redistribution des richesses, abondamment créées pourtant par le septième PIB de la planète.
Dans notre pays, un bouclier fiscal permet aux gros revenus d'en prémunir la moitié de toute participation aux dépenses d'intérêt collectif. La plupart des déductions fiscales fournit des prestations et des avantages réservés de fait aux plus aisés. Une véritable détermination fait défaut à la lutte contre l'évasion fiscale de milliers de nantis, ce qui constitue un colossal manque à gagner pour l'intervention publique et la sécurité sociale.
Dans notre pays, l'endettement de l'Etat produit, pour son financement, des rémunérations toujours plus importantes aux placements de ceux qui ont les moyens d'épargner. Les subventions ou les exonérations accordées aux entreprises se traduisent davantage par une meilleure rémunération des actionnaires et des dirigeants que par la création d'emplois, l'évolution des petits salaires ou l'amélioration des conditions de travail. L'instauration de taxes, de mêmes montants pour tous, est préférée au recours à l'impôt progressif, par définition plus équitable.
Dans notre pays, on supprime des milliers de postes de fonctionnaires, c'est à dire de celles et ceux qui assument auprès de la population des missions d'intérêt général les plus diverses, à même de bénéficier à tout un chacun, quelles que soient ses ressources. On renchérit les coûts d'accès aux soins mais aussi à l'eau, aux énergies, aux télécommunications, à la poste, aux comptes bancaires, aux transports en commun ou à la collecte des déchets, des services dont personne ne peut se passer. On entrave, dans leurs recettes et leurs fonctionnements, l'action des collectivités locales qui s'évertuent à faciliter la vie quotidienne de leurs administrés.
Bref, les combustibles ne lui manquent pas et seule une alternance politique pourrait en 2012 éteindre ce brasier réactionnaire qui s'apprête à consumer jusqu'aux fondements de la protection sociale. D'ici là des Régions progressistes seraient en mesure d'allumer des contre-feux dans chacun de leurs territoires. Ce ne serait sans doute pas suffisant mais ce serait déjà ça. Surtout pour tous ceux, fort nombreux, qui ont déjà les yeux qui piquent.