A trop annoncer aujourd'hui l'avènement dans les Régions d'un contre-pouvoir et d'un bouclier social, à même de contrer et compenser l'impéritie ou l'injustice gouvernementales, la gauche pourrait se retrouver dans une position délicate en 2012 : Être jugée sur un bilan local forcément modeste à l'aune de deux courtes années de mandatures régionales et à la mesure d'enjeux ou de budgets nationaux d'une toute autre envergure.
Si, à la veille de l'élection présidentielle, ce bilan s'avérait cependant significatif, une majorité de l'électorat pourrait se persuader que, décidément, la gauche est performante dans la gouvernance locale et, dès lors, souhaiter qu'elle puisse y consacrer toute son énergie... Et si, en revanche, les résultats des exécutifs régionaux étaient moins évidents, une autre majorité électorale pourrait se laisser séduire, une fois encore, par les sirènes médiatisées d'une droite sans vergogne et resserrant les rangs, au second tour, derrière un leader quel qu'il soit.
Les missions qu'assument les Régions pour améliorer l'existence des Français sont déjà suffisamment importantes pour ne pas en exagérer imprudemment la responsabilité dans la réalité quotidienne de chacun.
Dans l'intervention régionale, il y a d'abord l'action économique et la formation professionnelle, et donc : l'emploi et le pouvoir d'achat. Il y a ensuite les transports publics et les déplacements, et donc : la mobilité et le développement durable. Il y a également la production et l'adaptation d'infrastructures et de prestations dédiées aux lycéens, aux apprentis, aux étudiants, aux jeunes stagiaires, et donc : l'émancipation de la jeunesse et la préparation de son avenir. Et il y a l'accompagnement des collectivités locales dans leurs projets de développement et l'aide aux associations pour les services qu'elles rendent aux habitants, et donc : l'aménagement cohérent et équilibré des bassins de vie.
En fournissant, dans ces domaines de compétence, des réponses politiques appropriées, la gauche a largement de quoi faire valoir sa différence. Quant au programme (commun) de gouvernement pour une alternative souhaitable – et probablement souhaitée aujourd'hui – au sommet de l'état, elle peut attendre encore un peu pour s'y atteler. Des Régionales ne font pas une Présidentielle.