Le blog de Patrick Palisson

C'est sans doute l'un des aspects les plus importants, les plus ambitieux, mais aussi les plus difficiles à concrétiser, d'une réforme en profondeur de notre système éducatif : la réhabilitation sinon l'instauration d'un enseignement artistique.

Plus personne n'oserait dire que les arts, leur connaissance, leur appréhension, leur côtoiement ne sont pas indispensables à l'instruction, à la formation, à l'éducation, à la construction de nos jeunes concitoyens. Mais on sait tout autant que si ce n'est pas l'école de la république qui s'en occupe et pour de bon, cette part de l'enseignement qui est dû à tous, fait défaut à beaucoup. Ni les conservatoires, ni les écoles d'art, ni la bonne volonté facultative de collectivité locales ou d'associations culturelles ne pourront jamais donner le change.

Pour autant, cette révolution éducative n'aura quelque chance de réussir dans notre pays qu'à certaines conditions : d'abord que le corps des professeurs tout entier, que les directeurs d'école et les chefs d'établissement, que les communautés scolaires soient tous et toutes persuadés de la pertinence de l'enjeu ; ensuite que les moyens matériels soient assurés, partout sur le territoire national, pour que les enfants et les adolescents aient la possibilité de se déplacer régulièrement jusque dans les établissements culturels où se montrent les oeuvres du patrimoine et de la création ; que les artistes qui iront à la rencontre des élèves soient mobilisés, non seulement pour leur talent, mais tout autant pour leur savoir-faire pédagogique ; et enfin que la médiation culturelle, cette activité irremplaçable qui consiste à mettre en relation intime les oeuvres et les publics (tous les publics), soit enfin devenue, en France, un métier reconnu, qualifié et répandu.

On voit là que le défi que vont avoir à relever plusieurs ministères du gouvernement et à peu près toutes les collectivités territoriales, n'est pas mince. Mais s'y engager en oubliant une partie de la feuille de route serait voué à un échec certain. Et rater le coche aujourd'hui, ce serait sans doute ne plus pouvoir le prendre jamais. Autant dire une catastrophe, à terme, pour la cohésion, l'émancipation et la maturation de notre société.