On ne peut jamais jurer de rien. Mais, sans vouloir d'ores et déjà décourager les autres concurrents ni désespérer leurs supporters, on peut raisonnablement avancer que, sauf cataclysme politique, le second tour de la prochaine élection présidentielle se jouera entre Sarkozy ou Fillon et Aubry ou Strauss-Kahn.
Qu'ils soient naturels ou politiques, les cataclysmes arrivent souvent sans qu'ils soient prévisibles et parfois pour n'avoir pas été prévenus. En France, on en sait quelque chose : Le dernier en date, sur le terrain électoral, a moins de dix ans et des répliques du séisme de 2002 se font encore sentir sous les pieds des socialistes, en particulier, et de la gauche, en général.
Même si, dans les rangs de la droite, certains leaders s'amusent à se faire peur pour impressionner leur électorat ou dissuader les dissidences, une catastrophe au soir du premier tour de l'élection est impossible pour elle. Non seulement parce qu'elle prendra bien garde de ne pas trop se diviser pour s'assurer, coûte que coûte, d'avoir un candidat au second tour, mais surtout parce que, de toute façon, les milieux financiers et patronaux ne le lui laisseraient pas le choix.
A gauche, peu probable cette fois-ci, le risque d'un nouveau tremblement de terre n'est pas pour autant totalement écarté pour 2012. Pas plus que le succès à l'arrivée n'est assuré par la grâce d'un contexte qui serait singulièrement favorable. La dernière séquence politique, d'ailleurs toujours pas achevée, provoquée par la bataille contre la réforme des retraites, a pu montrer les crispations, les frictions ou les agitations que la pression de l'événement provoque régulièrement au sein de la gauche, que ce soit dans la lutte sociale ou dans la compétition électorale. Avec leurs conséquences éventuellement désastreuses. Et d'abord pour ces catégories du peuple français, pour lesquelles l'alternance est la seule chance d'améliorer leur sort, une chance tragiquement gâchée lors des deux derniers scrutins.
Autant dire que le programme de gouvernement pour la France que la gauche aura à porter et défendre de concert pour battre le candidat de la droite, au deuxième tour de la présidentielle, ne saura mobiliser une majorité de l'électorat que parce qu'il aura été préparé avant le premier tour. Une anticipation et une élaboration d'autant plus nécessaires que ce plan d'action à cinq ans devra être également le vade-mecum des candidats du camp progressiste dans chaque circonscription, aux élections législatives qui suivront juste après.
Puisse cette simple évidence faire son chemin dans l'opinion publique et chez les hommes et les femmes politiques, de telle sorte que l'avenir fasse mentir les observateurs de mauvais augure qui jugent, encore aujourd'hui, la gauche française incorrigible.