Le blog de Patrick Palisson

Les soupes populaires ont beau faire montre aujourd'hui de modernité dans leurs formules, leurs appellations, leurs décors ou leurs publicités, elles n'en restent pas moins le symptôme d'une société qui préfère encore l'aumône à l'attribution d'un revenu décent (salaire, pension ou allocation). Financer, soutenir ou organiser, jusqu'à l'institutionnaliser, cette charité d'un autre âge a pour conséquence de cautionner et maintenir un déplorable statu quo et même de l'aggraver par temps de crise.

Quoique beaucoup, spécialistes ou non, répètent à l'envi le contraire, sans être d'ailleurs, le plus souvent, capables de fournir des précisions ou de produire des arguments, la collecte d'argent public n'est pas excessive en France. Elle est peut-être même insuffisante. Et elle est, surtout, très mal répartie entre les ménages, entre les entreprises, entre la consommation et l'épargne, entre le travail et le capital, entre les revenus et le patrimoine. Ce qui est facteur d'injustices et d'inefficiences.

Pour toutes sortes de bonnes raisons, aussi bien économiques que environnementales ou sociales, il conviendrait de davantage utiliser et développer les services et équipements collectifs, de davantage les financer par l'impôt et, par conséquent et bien entendu, de rendre cet impôt davantage progressif et assis sur une large assiette. Il ne serait sans doute pas si difficile d'en convaincre les consommateurs, les usagers et les citoyens de notre pays, pour peu que la démonstration leur soit proposée.

Internet est devenu indispensable pour s'informer, se documenter, correspondre ou communiquer et très utile pour se cultiver et se former. Son accès est ainsi rendu nécessaire à chacun où qu'il réside, travaille ou étudie, mais aussi la maîtrise et la sécurité de la connexion, de la navigation, de la consultation, de la relation ou de la mise en ligne. C'est aux pouvoirs publics de garantir à tous les conditions économiques, techniques, réglementaires et didactiques de l'usage de ce service universel.

Les ménages aisés ou très aisés n'ont évidemment pas besoin d'allocations financières ou d'abattements fiscaux pour avoir les moyens d'éduquer un ou plusieurs enfants. Et les sommes importantes qui leur sont pourtant de la sorte inutilement octroyées manquent au budget de la collectivité nationale pour aider convenablement les familles modestes et très modestes à élever et à faire garder leurs enfants. La politique «familiale» de notre pays gagnerait à se fondre dans sa politique sociale.